Ce que trop de monde oublie à propos de la procrastination…
Aaahhh la procrastination… C’est un sujet qui a fait couler tellement d’encre usé tellement de claviers. J’ai pu lire beaucoup de choses à ce sujet, comme vous peut-être/sans doute. Et avec notre société (à laquelle chacun contribue) et notre obsession pour les outils afin « d’aller encore plus vite et plus haut », je suis fasciné de voir à quel point nous pouvons oublier certains fondamentaux. Cela peut m’inquiéter également.
Alors je voudrais vous partager un petit retour aux sources qui m’apaise, me donne beaucoup de clarté au quotidien. Je complète en fin d’article avec un premier outil que je vous souhaite aidant…
Initialement, j’avais prévu de vous partager le travail du Dr Piers Steel à propos de la procrastination (la tendance à remettre au lendemain des actions). Je le ferai probablement dans un autre article. J’ai préféré commencer par tordre le cou à certaines idées reçues. Et surtout revenir à nous ; à ce qui me motive, à ce qui vous motive…
Le grand « mal » ?
D’après Psychomedia environ 20% des gens seraient des procrastinateurs chroniques. Un article du Figaro parle de « fléau » et indique que : 65% des Français « considèrent ce penchant comme problématique » et « 85% des Français admettent, en effet, être concernés par ce « défaut » ».
La procrastination est source de frustrations et de stress car liée à des jugements très culpabilisants. Des promesses faîtes à soi-même jamais tenues faute de motivation et mettant à mal l’estime de soi (projets privé ou pro, régimes alimentaires ou sportifs, …).
Le Business de la procrastination
Vous verrez beaucoup de choses au sujet de la procrastination. Notamment car c’est un sujet qui fait vendre ! Oui, ce sujet permet la commercialisation de nombreux livres, outils et méthodes « miracles ». Très souvent à propos de méthodes d’organisation, de « gestion du temps » (todo lists en pagaille, méthode Kaizen ou autres…) ou bien à propos du « passage à l’action » : quand on pense qu’il suffirait de s’y mettre, alors commencez juste ! Non ?
Je ne dis pas que tous ces produits sont inefficaces, certains même peuvent être très pertinents et utiles. Par contre, ils ne prennent généralement pas le « mal » à la racine et s’avéreront décevants en laissant penser que ce sont les produits qui ont un problème. Intéressant comme retournement en sachant que l’achat initial était motivé par la croyance que c’est nous qui avions un problème… vous ne trouvez pas ?
Idées reçues sur la procrastination…
Pour vendre, certains surferont, inconsciemment généralement, sur des idées reçues et les jugements (destructeurs) dans lesquels nous baignons depuis la petite enfance. Le fil conducteur est bien souvent que « nous devrions être plus efficaces et plus rapides ! ». A partir de là, vous avez un vaste choix de solutions « miraculeuses » pour vous permettre de vous en sortir. Sortir de :
- Votre fainéantise… Vous êtes fainéant si vous regardez des vidéos de chats plutôt que de travailler, si vous êtes tout le temps sur votre téléphone, non ?
- Au contraire, vous êtes très actif… Ah oui, vous avez du mal à vous focaliser, vous vous dispersez. On vous le dit depuis que vous êtes petit : « Tu es bien comme ton grand-père ! »
- Autre variante de procrastinateur actif : vous n’êtes pas du tout sérieux, vous craquez au moindre petit plaisir et après vous comptez systématiquement sur l’aide des autres, c’est bien cela ?
- Encore une autre variante : vous êtes capables de choisir des tâches tout aussi complexes que celle visée initialement… des actions estimées elles aussi comme « importantes »… mais qui donc a jugé de leur « importance » ? Vous ?
« Procrastinateur » qui cède au plaisir immédiat ou « obsessionnel » qui s’organise pour remplir ses obligations (plus ou moins vite selon son perfectionnisme)… même combat !
Une nouvelle solution avec la mode du « coaching » ?
A chaque fois, cela appuiera sur la crainte de jugements extérieurs. Présents… ou passés ! Nos « voix intérieures » culpabilisantes héritées des messages des figures d’autorité de l’enfance.
Tous ces jugements, effectivement, mettent à mal notre confiance en nous, notre estime de nous. Alors vous partiriez sur une nouvelle solution : du « coaching de l’estime de soi » ?
Mais vous pourriez vous interroger… « estime »… « s’estimer »… « s’évaluer »… N’est-ce pas de nouveau « se juger » et se comparer aux autres ? Je considère que c’est clairement le cas… et un autre piège.
La procrastination, « soupape de sécurité »
Nos vies « modernes » sont envahissantes (mails, réunions, surplus d’activités, réseaux sociaux, médias, pollution sonore…). Il s’agit sans cesse de faire la course, de « gagner » ou « perdre » son temps. Comme dit David Allen (créateur de la méthode Getting Things Done)
« On ne peut pas gérer le temps. Il est tel qu’il est. La ’’gestion du temps’’ est donc une activité mal nommée, qui a peu de chances d’être une approche efficace… »
Pour un autre David (d’Equainville), le fondateur des éditions Anabet, éditeur de « Demain, c’est bien aussi », « la procrastination est une défense immunitaire face à une société extrêmement rude, un moyen positif de se défendre des assauts du monde contemporain ».
La procrastination nous protège des émotions pénibles, de celles qui naissent sous le poids des jugements.
Sortir des « obligations »…
De mon expérience, tout l’enjeu est de cultiver son autonomie, de prendre la responsabilité de sa vie. Cela commence donc bien par sortir des jugements, de ces « obligations » qui sont les fondations de notre éducation. Ces « obligations » nous font souffrir car elles nous privent de vivre notre vie pleinement. Pourtant, nous ne les abandonnons pas car nous ne connaissons pas grand-chose d’autre trop souvent. C’est donc normal que ce soit difficile d’en sortir.
Dans l’article de Psychomedia, il est évoqué que : « Les habiletés dites de pleine conscience leur feraient défaut… » (aux procrastinateurs chroniques). « … Ces dernières incluent la capacité d’être conscient de ses émotions et de ses pensées sans que ces dernières empêchent d’agir selon ses buts et ses intérêts ». Des pensées qui empêchent d’agir ? Il s’agit bien des jugements dirigés vers les autres et surtout vers soi-même !
… et entrer dans ce qui fait « Sens »
La continuité de l’enjeu de pleine responsabilité est dans le même temps de se reconnecter à ses besoins. Par « besoins », j’entends les « forces motrices innées nous mobilisant pour agir de manière à soutenir la croissance et l’épanouissement de la vie » pour reprendre les termes d’Isâ Padovani. Il s’agit de notre propre vie d’abord. Tous les êtres humains sur cette planète ont les mêmes besoins mais pas au même moment et tous n’ont pas la même importance aux yeux de chacun.
Vous connaissez sans doute les besoins au service de la motivation d’Abraham Maslow… J’aime également parler d’un autre terme aux niveaux les plus élevés : les « valeurs ». Je considère donc les valeurs comme les « besoins essentiels » que chacun veut nourrir dans sa vie pour s’épanouir… Nourrir ces besoins là apportent de la satisfaction, de l’apaisement, de la joie ! (par le « sens » et le « plaisir global »)
Exercice pour commencer à vous connecter à votre Sens
Alors : Quels sont vos 3 à 5 (max) valeurs fondamentales de votre vie ? Les connaissez-vous ?
- Prenez une feuille blanche et un stylo…
- Prenez un compte-à-rebours (l’horloge de votre téléphone) et réglez-le, mettons, sur 5 min…
- Complétez la phrase que je vais indiquer…
- Règle FONDAMENTALE ! Ne jamais arrêter d’écrire pendant les 5 min. Si les mots ne viennent plus, continuez d’écrire en répétition le début de la phrase « …. C’est … C’est …. C’est… » jusqu’à ce que les mots reviennent.
- La phrase est la suivante : « Ce qui est important pour moi dans la vie c’est… »
- Vous pouvez utiliser des variantes comme :
- « Ce que j’aime dans la vie c’est… »
- « Ce qui est doux pour moi dans la vie c’est… »
- « Ce qui me fait vibrer dans la vie c’est… »
- « Ce qui m’inspire dans la vie c’est… »
- « Ce à quoi / pour qui j’ai envie de contribuer c’est… »
- Repérez enfin les différents mots-clés qui vous permettront de commencer à identifier vos besoins et vos valeurs.
Cet exercice d’écriture automatique a pour but de « fatiguer le mental » est de faire ressortir ce que vous avez au fond du ventre, au fond du cœur. Je vous invite à le refaire plusieurs fois sur plusieurs semaines, puis une fois tous les 6 mois, afin de voir s’il y a eu une évolution. Dans le cas contraire, cela vous rassurera probablement et vous aidera à reprendre le cap !
Et l’organisation dans tout ça ?
Pour terminer la citation de David Allen à propos de la gestion du temps mal nommée :
« … Ce qu’on gère réellement, c’est notre activité dans le temps. Et le fait de définir les objectifs et les actions concrètes requises pour gérer ce que nous faisons en est le processus clé ».
Quand vous connaissez ce qui fait sens pour vous… Quand vous connaissez les besoins, les valeurs, qu’il est important de vous appliquer à nourrir chaque jour de votre vie… Alors vous pouvez créer et gérer des projets dont les objectifs et les actions seront au service de vos valeurs, au service de votre vie… et de celles des autres !
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